dimanche 16 août 2009

"Le coin des bulles"


1942. L’Europe saigne sous la botte allemande. Caserné dans le sud de la France, Martin Mahner, un officier allemand de la Wehrmacht, séduit Catherine, la femme de Xavier Gance. Les Gance fuient le joug nazi. Martin nous raconte son histoire. Grâce à un flash-back, le récit redémarre à Berlin en pleine montée du nazisme. Jeune lycéen, romantique et solitaire, Martin tombe amoureux de sa voisine, Katarina, une jeune juive, mais n’ose pas à lui déclarer sa flamme. En 1938, hostile aux nazis et à son père sympathisant des SS, Martin part vivre à Paris pour entreprendre une thèse de doctorat. Il espère y retrouver Katarina qui a un emploi de journaliste. Il devient son ami. En octobre 1940, Martin est en poste à Cologne. Il cherche à se faire muter à Paris pour être près de Katarina. Devenue Catherine, celle-ci cache son appartenance juive pour garder son travail et ne pas être inquiétée. Elle essaie de convaincre son oncle Pierre, petit industriel patriote, de rejoindre la zone libre. Ce dernier refuse de partir alors que le régime de Vichy durcit les dispositions antijuives. Pierre va vivre un enfer. Dépossédé de son entreprise, il cherche par tous les moyens à reconquérir son bien. Des fonctionnaires zélés vont lui faire perdre le sommeil et lui causer les pires humiliations. Martin retrouve son amour de toujours et fera tout pour la protéger...

Une sensibilité exacerbée...

La suite d'Amours fragiles était attendue avec impatience. Le résultat dépasse toutes les espérances. On peut parler de réussite exceptionnelle. En effet, le lecteur tombe sous le charme de ce roman d’amour sur toile de fond politique et historique qui devient, par moments, une page d'Histoire et une chronique sociale. Avec une aisance stupéfiante, Philippe Richelle brosse une peinture subtile de toutes les failles de la condition humaine confrontée à un contexte d'une ampleur et d'une gravité hors normes. Il réussit à traduire parfaitement les mentalités de l'époque avec une sensibilité exacerbée, notamment dans la description de ceux qui procèdent à l’aryanisation des biens. Les faits historiques sont reproduits avec un grand souci du détail. Le travail d'historien de Richelle peut d’ailleurs être qualifié de vrai et authentique. Il explique, avec minutie et avec toutes les nuances nécessaires, le contexte politique qui conditionne les destins des personnages. Ces derniers deviennent vite attachants car le lecteur ne peut rester insensible à leurs états d'âme. Ainsi, on se prend d'affection pour le héros. Il a des valeurs pures et sa timidité envers celle qu'il aime le rend attendrissant. Jean-Michel Beuriot nous gratifie d’un trait classique et délicat. Son graphisme presque expressionniste sert à merveille le grand récit de son scénariste. Sa reconstitution historique mérite les éloges. Sans Beuriot, Amours fragiles n'est rien. Les couleurs de Scarlett Smulkowski méritent elles aussi une mention...

Bien qu’on approche de la fin de la saga, on se prend à espérer une suite aussi bien réalisée que le présent ouvrage qu’on dévore avec passion…

Marc Bauloye

Amours fragiles T4 Katarina Beuriot Richelle Casterman


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