jeudi 10 septembre 2009
Le Blog BD du journal SUD OUEST
Quatrième tome de la série «Amours fragiles», «Katarina» poursuit sur la corde très sensible imaginée par Philippe Richelle, sur les dessins de Jean-Michel Beuriot. Bien que les albums ne suivent pas une ligne chronologique (le tome 3, «Maria», débutait en 1943, «Katarina» s’ouvre sur le mois d’octobre 1940) on est aux prises avec la même chape de plomb historique, avec des vies parallèles en France et en Allemagne, des parcours qui se croisent surtout, sur fond de glissement progressif vers l’horreur.
Le soldat Manher, en poste à Cologne, s’ennuie ferme à remplir de la paperasserie ou à tenir compagnie au major Poeschol, piètre joueur d’échecs, d’autant qu’il ne partage pas vraiment la fibre nationaliste de ses compatriotes. Ça va aussi doucement, pour son amie Katarina, une juive qui a trouvé refuge à Paris. Mais lentement, la dérive pétainiste s’insinue, comme au bas d’une recette de cuisine, avec un plaidoyer pour la femme au foyer. L’auteur de l’article est bien vu du pouvoir en place, alors on publie… Les pressions vont s’intensifier à mesure les lois antijuives s’accentuent : fermetures de magasins, confiscation d’entreprises, dénonciations qui sont autant d’exutoires à diverses jalousies. L’air devient malsain.
«Amours fragiles» est convaincant par sa façon d’amener doucement au tragique, par petites touches. Mine de rien l’étau se resserre, alors que certains espèrent encore, aveugles d’optimisme. Le dessin très carré de Jean-Michel Beuriot donne de la vérité à ces petites histoires prises dans la nasse de la «grande». Un regard plus qu’intéressant sur cette période, abordée de façon originale.
Chronique de Jean-Marc Lernould
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