samedi 16 janvier 2010

Interview de Philippe Richelle (suite...)

Philippe Richelle répond aux questions de Philippe Tomblaine.

PT: Le travail de documentation entrepris pour créer cet album vous a-t-il aidé à comprendre l’époque, et cherchiez-vous à vous rapprocher d’un traitement cinématographique, entre drames et émotion, sur le modèle des films de Capra ou d’œuvres plus récentes telles que La Liste de Schindler, Le Pianiste, ou la Vie est Belle.

PR: Oui, bien sûr, le travail de documentation aide à appréhender l’époque dans toute sa complexité.
Quand je parle de documentation, je fais allusion aux travaux des historiens, aux témoignages d’époque, aux biographies. Ce sont ces sources qui nourrissent le scénario, ainsi que mon expérience personnelle, mon ressenti par rapport aux relations humaines…
Les œuvres de fiction, qu’il s’agisse de livres ou de films, nous influencent peu. Nous trouvons que, globalement, elles continuent de véhiculer des stéréotypes, des idées reçues, qui ne rendent qu’imparfaitement compte de la réalité de l’ époque.


Pour répondre à la seconde partie de la question, j’aime beaucoup le cinéma de Capra, qui mériterait à mon sens d’être remis à l’honneur. Quant aux films que vous citez, ils sont postérieurs au Dernier Printemps (à l’exception de la Vie est Belle, peut-être).
Comme je l’ai dit plus haut, nous nous inspirons peu du cinéma sur le plan du contenu. C’est vrai également sur le plan formel. La bande dessinée est un art hybride, qui emprunte au cinéma, certes, mais tout autant à la littérature, à l’illustration et même, dans certains cas, au dessin animé. Elle a son langage propre. Nous en offrons une belle illustration, à mon sens, dans cet album, avec l’utilisation des textes off : ils se superposent aux dessins (et donc aux dialogues) et racontent autre chose que ce qui est contenu dans les cases. Nous mettons en place, en quelque sorte, un double niveau de lecture. Ce procédé n’est possible qu’en bande dessinée.
Lors de la sortie de l’album, en 2002, il s’agissait d’une nouveauté. Depuis, d’autres auteurs ont marché dans nos pas.

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