Un pétrin d'humanité
Ce septième tome d' "Amours Fragiles" est un chef-d’œuvre, une
merveille, je l'ai lu deux fois à la suite, cela ne m'étonne pas que
Tardi l'ait personnellement encensé.
Au début de 1944, Martin
Mahner en fin de convalescence est muté au service d'un colonel à
Berlin. Le week-end, il se rend souvent à Beelitz, dans la grande maison
de la vieille famille prussienne de Fredi Ott, son ami. La mère est
affectueuse, le père, vieux général de la Wehrmacht a démissionné à
l'arrivée des nazis. Hilda, sa jeune soeur, est une ancienne communiste.
Ils sont riches, mais sympathiques (c'est marrant, quand je rencontre
des riches sympathiques, je me demande toujours par quel malheur
sont-ils devenus riches?). Seule Margrit la grande soeur et son abruti
de procureur de mari supportent encore le pouvoir en place.
Promenades
à cheval et flâneries dans la campagne, malgré la guerre la vie
semble douce. En juin, la conjuration contre Hitler est en place et
Martin, pressé par son comploteur de colonel doit prendre une décision,
on connait la suite...
Graphiquement, le dessin de Beuriot est
arrivé à un très haut niveau de perfection: les traits, mimiques,
sourires ou rictus des visages des personnages sont d'une expressivité
rarement rencontrée en BD. Les décors de la campagne prussienne ou ceux,
architecturaux, du centre de Berlin, mais aussi les intérieurs
typiquement allemands, sont d'une beauté et d'une précision à couper le
souffle.
Les couleurs de Dominique Osuch sont magnifiques, on trouverait presque le feldgrau joli!
Le
scénario et les dialogues de Richelle sont d'une limpidité lumineuse,
l'humanité, les contradictions et la complexité des différents
personnages sont rendus avec une évidence presque miraculeuse.
A ce niveau de qualité, ni la littérature classique, ni le cinéma ne peuvent approcher un tel degré de perfection. Hervé J.
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